IN MEMORIAM – SHIMON PERES, MON AMI par Jean-Pierre Allali, Président du Conseil des Sages de C.I.E.U.X.

« Shimon Peres était profondément persuadé que les religions sont un facteur de paix »

IN MEMORIAM – SHIMON PERES, MON AMI
par Jean-Pierre Allali,
Président du Conseil des Sages de CIEUX

L’ancien président de l’État d’Israël, mon ami Shimon Peres, prix Nobel de la Paix 1994 est mort dans la nuit du 28 septembre 2016 à Ramat-Gan. Il avait 93 ans. Il repose désormais à Jérusalem au cimetière national du mont Herzl.
Je me permets de dire « mon ami » car, si je l’ai rencontré à de nombreuses occasions, notamment parce que je fus le rédacteur en chef de « La Terre Retrouvée », journal de la représentation en France du Parti Travailliste israélien, puis dans le cadre de mes fonctions de membre du Bureau exécutif du CRIF, je garde surtout le souvenir des semaines passées ensemble pour l’écriture de notre livre « Un temps pour la guerre, un temps pour la paix », paru chez Robert Laffont en 2003.

Shimon Peres était véritablement obsédé par l’avenir du peuple juif et d’Israël et par la paix.
« Où va Israël ? » se demandait-il constamment. Et il ne cachait pas son inquiétude. Notre livre s’ouvrait sur ces mots : « Où va Israël ? Combien de temps encore attendrons-nous la paix ? Combien de temps encore faudra-t-il que nos enfants combattent, que nos fils et nos filles meurent, que le sang coule et que nos mères pleurent ? Y a-t-il une fatalité à cette lutte sans fin avec nos voisins arabes, avec les Palestiniens ? Finirons-nous par vaincre cette lèpre des temps modernes qu’est le terrorisme ? »
Et, en conclusion de notre livre écrit sur la base d’entretiens réalisés à Tel Aviv, il exprimait sa vision des choses : « Conserver et développer le patrimoine ancestral du judaïsme, devenir un État en pointe dans les domaines scientifique et médical, réaliser la paix avec les Palestiniens en particulier et tous ses voisins en général, , tels doivent être les défis qu’Israël aura à relever demain.

Ensemble, Israéliens et Arabes, avec l’aide du monde entier, nous devons expurger le sel de l’eau, le désert de la terre et la haine de l’homme. C’est seulement ainsi que nous créerons, pour nos enfants et les générations à venir, un nouveau Proche-Orient. Les prophètes y sont nés. Il ne faut pas que leurs prophéties tombent dans l’oubli. Le message des prophètes était un message de paix et de justice sociale, d’une foi enthousiaste envers les êtres humains, car chacun de nous est créé à l’image de Dieu. C’est le message de la création d’une société plus juste où il n’y a ni oppresseurs, ni opprimés, ni privilégiés, ni défavorisés. Nos ancêtres avaient une vision de l’homme. Il nous appartient de la réaliser. C’est ce que je crois. »

Né le 2 août 1923 à Wisniew, alors en Pologne, il s’appelait Szymon Perski. Très jeune, il avait onze ans, en 1934, il rejoint Tel Aviv avec sa famille puis le kibboutz de Ben Shemen.
Spécialiste militaire, défenseur intraitable de la sécurité d’Israël, Shimon Peres saura se montrer un homme de paix et sera, en 1993, l’un des artisans des accords d’Oslo. En 1997, il fondera le Centre Peres pour la Paix.

Shimon Peres était profondément persuadé que les religions sont un facteur de paix. Pour lui « Le Dieu des hommes est un Dieu de paix ». Ou encore : « Aucune religion ne prêche la servitude d’un peuple ou la dictature d’un homme. Le croyant doit donc veiller à ce que sa foi ne soit pas confisquée par des tyrans sans scrupules qui s’en servent pour assouvir leurs intentions meurtrières. Dans leur immense majorité, les croyants catholiques, protestants, juifs, musulmans, bouddhistes…, défendent la démocratie et sont convaincus qu’il n’ y a aucune contradiction entre la religion et la science ».

Et à ce propos, je dois dire que Shimon Peres était aussi un passionné de science. Bien que je sois moi-même de formation scientifique, c’est lui qui m’a fait découvrir, en 2003, un mot dont j’ignorais l’existence : nanotechnologie.
Il aimait me dire : « La science est l’avenir de l’homme » et affirmait que la nanotechnologie est une aventure extraordinaire, un développement prodigieux qui couvre aussi bien la biologie, la physique, la chimie et l’électronique que tous les domaines de l’activité scientifique humaine.

Un souvenir personnel me revient : c’était à la résidence de l’ambassadeur d’Israël à Paris lors d’une réception privée donnée en son honneur. Rika Zaraï s’est mise à chanter l’un de ces vieux airs pionniers de l’Israël des premières années. Les invités ont repris en chœur et, à mon grand étonnement, Shimon Peres s’est mis au piano pour nous accompagner !
Lors de son élection à la présidence de l’État, en 2007, il eut la gentillesse, en retour de mes félicitations, de m’adresser un petit message : « Cher Jean-Pierre : L’honneur véritable c’est le service du peuple, c’est servir de héraut pour tout ce qui nous réunit. Notre pays doit être à la hauteur des dangers auxquels il fait face, et le peuple doit avoir confiance en soi pour pouvoir produire des résultats. »

Marié en 1945 à Sonya Gelman, disparue en 2011, Shimon Peres a eu trois enfants : deux fils, Yoni et Chemi et une fille, Tzvia, épouse du docteur Raphaël Walden.
Père fondateur d’Israël, Shimon Peres, mon ami Shimon, était un Grand.
Adieu Shimon, adieu mon ami.

Jean-Pierre Allali

Photo : Shimon Peres et Jean-Pierre Allali à Paris en 1999.

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