Intervention du Père Jean-François Ribard à la mosquée Omar

Le 9 avril, avant le bien généreux et fraternel verre de l’amitié offert par la mosquée Omar (Paris 11è), le père Jean-François Ribard a conclu le dialogue interreligieux par une prise de parole très appréciée sur le thème de la rencontre : La liberté.

« La liberté, aussi désirable que dangereuse, est un vaste sujet qui peut s’aborder de différents points de vue : philosophique, théologique, moral ou social…Désirable, elle l’est en effet par tout homme…dangereuse aussi, puisqu’elle peut conduire au pire.
D’un point de vue philosophique, comme d’un point de vue théologique, elle pose la question du bien et du mal et donc de Dieu…
D’un point de vue moral, la liberté nous place en face de nous-mêmes, des autres, mais aussi de Dieu. Celui-ci nous a créés libres à son image…avec cependant, selon la Bible et repris dans le Coran, une interdiction : choisissant d’enfreindre cette interdiction l’homme et la femme connaissent alors le bien et le mal et le drame qui va se jouer en tout homme et dans l’humanité entre ce bien et ce mal…Dieu révèle sa loi à Moïse, inscrite déjà au fond de toute conscience mais qui demande à être reconnue…Moralement, les hommes tâtonnent tant bien que mal à la recherche de ce qui est bon et bien et en évitant ce qui fait mal…mal à soi et mal aux autres !
Pour vivre ensemble, même en famille ou en tribu au départ, l’humanité n’a cessé d’établir des règles.
La liberté en société n’est pas possible sans règles…comme la sagesse commune l’exprime, la liberté de chacun s’arrête où commence celle de l’autre.

Après ces généralités, comment répondre à la question qui m’a été posée par Alexandre Vigne :
a-t-on la liberté de rire de tout ?
J’ai appris que le rire pouvait venir d’un dérèglement insolite…on rit surtout du ridicule, de l’excès, donc des travers de quelqu’un, mais sans méchanceté.
Ainsi, Molière excelle en son temps dans la caricature du bourgeois parvenu qui se prend pour
un gentilhomme, ou des « précieuses » du grand siècle qui jouent aux personnes raffinées ou encore des femmes savantes qui jouent aux savants qu’elles ne sont pas…Et nos vrais humoristes peuvent trouver aujourd’hui leurs équivalents en tous genres.
La cage aux folles ou le rabbi Jacob il y a au moins 30 ans n’ont soulevé aucun tollé.
Ce n’était pas méchant ; c’était tout simplement drôle et l’on riait du ridicule des personnes et des situations.

Est-ce qu’on est devenu trop sérieux aujourd’hui quand on veut condamner les caricatures de Mahomet ou les propos de mauvais goût de Dieudonné ?
Je ne le crois pas ! Quand la satire tourne au vinaigre, elle devient de l’ironie amère et ne fait plus rire du tout.
Je ne pense pas qu’on puisse émettre des règles dans ce domaine, sinon celles de la simple morale en société : celles du respect, nécessaire au vivre en société.
Ce respect qui s’adresse à toute personne, s’adresse aussi aux croyances et coutumes des uns et des autres, en un mot, à ce qui est sacré pour les uns et pour les autres.

Ainsi caricaturer Mohamed, Jésus, ou Moïse et la Torah, est proprement obscène ! C’est une offense profonde. De même en est-il pour le non respect d’une mosquée, d’une synagogue ou d’une église. Se moquer des musulmans en prière, des juifs devant le mur des lamentations, ou encore les exhibitions scandaleuses des femens dans telle ou telle église de Paris sont proprement inacceptables et condamnables. De même pour les cimetières et les tombes violées…
En écrivant cela, je me rends compte du niveau de désacralisation auquel nous sommes arrivés dans notre société qui par ailleurs se croit supérieure aux autres !

Si nous voulons justement aider au relèvement moral de notre pays, que nous soyons juifs, chrétiens , musulmans ou agnostiques, il nous faut prendre comme règle d’or celle qui était dans le livre de Tobie : Ne faites à personne ce que vous ne voudriez pas qu’il vous fasse.
Règle que reprend Jésus en positif : Faites aux autres ce que vous voudriez qu’ils vous fassent.
(Matthieu 5)
Mais j’ajouterai que cela n’est possible que si l’on essaie d’appliquer un autre précepte qui pour Jésus est un commandement : Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. »

p.Jean-François Ribard

Photo : Le 9 avril, avant le bien généreux et fraternel verre de l'amitié offert par la mosquée Omar, le père Jean-François Ribard a conclu le dialogue interreligieux par une prise de parole très appréciée sur le thème de la rencontre :  Est-on libre de rire de tout ?La liberté, aussi désirable que dangereuse, est un vaste sujet qui peut s’aborder de différents points de vue : philosophique, théologique, moral ou social…Désirable, elle l’est en effet par tout homme…dangereuse aussi, puisqu’elle peut conduire au pire.D’un point de vue philosophique, comme d’un point de vue théologique, elle pose la question du bien et du mal et donc de Dieu…D’un point de vue moral, la liberté nous place en face de nous-mêmes, des autres, mais aussi de Dieu. Celui-ci nous a créés libres à son image…avec cependant, selon la Bible et repris dans le Coran, une interdiction : choisissant d’enfreindre cette interdiction l’homme et la femme connaissent alors le bien et le mal et le drame qui va se jouer en tout homme et dans l’humanité entre ce bien et ce mal…Dieu révèle sa loi à Moïse, inscrite déjà au fond de toute conscience mais qui demande à être reconnue…Moralement, les hommes tâtonnent tant bien que mal à la recherche de ce qui est bon et bien et en évitant ce qui fait mal…mal à soi et mal aux autres !Pour vivre ensemble, même en famille ou en tribu au départ, l’humanité n’a cessé d’établir des règles. La liberté en société n’est pas possible sans règles…comme la sagesse commune l’exprime, la liberté de chacun s’arrête où commence celle de l’autre.Après ces généralités, comment répondre à la question qui m’a été posée par Alexandre Vigne : a-t-on la liberté de rire de tout ?J’ai appris que le rire pouvait venir d’un dérèglement insolite…on rit surtout du ridicule, de l’excès, donc des travers de quelqu’un, mais sans méchanceté.Ainsi, Molière excelle en son temps dans la caricature du bourgeois parvenu qui se prend pour un gentilhomme, ou des « précieuses » du grand siècle qui jouent aux personnes raffinées ou encore des femmes savantes qui jouent aux savants qu’elles ne sont pas…Et nos vrais humoristes peuvent trouver aujourd’hui leurs équivalents en tous genres.La cage aux folles ou le rabbi Jacob il y a au moins 30 ans n’ont soulevé aucun tollé.Ce n’était pas méchant ; c’était tout simplement drôle et l’on riait du ridicule des personnes et des situations.Est-ce qu’on est devenu trop sérieux aujourd’hui quand on veut condamner les caricatures de Mahomet ou les propos de mauvais goût de Dieudonné ?Je ne le crois pas ! Quand la satire tourne au vinaigre, elle devient de l’ironie amère et ne fait plus rire du tout.Je ne pense pas qu’on puisse émettre des règles dans ce domaine, sinon celles de la simple morale en société : celles du respect, nécessaire au vivre en société.Ce respect qui s’adresse à toute personne, s’adresse aussi aux croyances et coutumes des uns et des autres, en un mot, à ce qui est sacré pour les uns et pour les autres.Ainsi caricaturer Mohamed, Jésus, ou Moïse et la Torah, est proprement obscène ! C’est une offense profonde. De même en est-il pour le non respect d’une mosquée, d’une synagogue ou d’une église. Se moquer des musulmans en prière, des juifs devant le mur des lamentations, ou encore les exhibitions scandaleuses des femens dans telle ou telle église de Paris sont proprement inacceptables et condamnables. De même pour les cimetières et les tombes violées…En écrivant cela, je me rends compte du niveau de désacralisation auquel nous sommes arrivés dans notre société qui par ailleurs se croit supérieure aux autres !Si nous voulons justement aider au relèvement moral de notre pays, que nous soyons juifs, chrétiens , musulmans ou agnostiques, il nous faut prendre comme règle d’or celle qui était dans le livre de Tobie : Ne faites à personne ce que vous ne voudriez pas qu’il vous fasse.Règle que reprend Jésus en positif : Faites aux autres ce que vous voudriez qu’ils vous fassent. (Matthieu 5)Mais j’ajouterai que cela n’est possible que si l’on essaie d’appliquer un autre précepte qui pour Jésus est un commandement : Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. p.Jean-François Ribard